I. Pedro Figari en hipertexto

Breve noticia sobre el impacto de la exposición de cuadros de Figari en París en 1923, en la galería Eugène Druet.

Henriot, Émile - M. Pedro Figari, en L'Europe nouvelle, nº 47, 24 Novembre 1923, p. 1514




M. Pedro Figari était inconnu à Paris il y a huit jours. Et, dans le monde des amateurs, il est désormais célèbre. Cet avocat uruguayen, brusquement né à la peinture il y a cinq ou six ans, nous apporte (galerie Druet) une extraordinaire série de scènes populaires de l'Amérique du Sud, chargées d'une couleur chatoyante et charmante, pétillantes d'esprit et de gaîté, exprimées avec un art accompli. Ce sont des négreries, cent tableaux de la vie créole, des danses et des mascarades dans des faubourgs montévidéens et les patios campagnards : une bacchanale de tons crus, jaunes, verts, roses, vermillons, sous des ciels de lapis, parmi lesquels tranche le noir des visages et des hauts chignons relevés par des peignes d'écaillé ; un trémoussement d'enfants lâchés au son des banjos et des tambourins. C'est peint dans une matière extrêmement savoureuse, onctueuse et mate comme la joue des quarteronnes, veloutée de poudre de riz. Et par le style, nerveux, trépidant, accentué comme certaines pages de Goya – avec, parfois, une parenté vague avec notre Daumier et notre Guys. Nous avons goûté à cette exposition et à la découverte de ce peintre un plaisir très vif, et nous prenons la liberté de le recommander aux personnes qui n'ont pas l'oeil triste.

Émile HENRIOT